La dérive néoconservatrice de la France

actu20080319-otan1Le retour de la France dans les organismes intégrés de l’Alliance atlantique pose le problème de la capacité de notre pays à conserver une autonomie de décision qui est indispensable à sa politique étrangère et à sa politique de défense.

Depuis plusieurs années la France s’est employée à rapprocher ses outils nationaux de ceux de l’organisation militaire intégrée de l’alliance ; elle l’a fait volontairement, dans la logique de l’après- chute du mur de Berlin qui l’a conduit à s’engager résolument auprès de ses alliés dans plusieurs opérations menées dans le cadre de l’Alliance ou avec sa participation. On a pu mesurer, notamment au moment des opérations militaires au Kosovo, combien une dialectique subtile, rodée par l’expérience, a été d’une grande efficacité, permettant tout à la fois à notre pays d’être un acteur décisif dans ce conflit au cœur des Balkans et de conserver sa liberté de ton et sa capacité de dialogue direct avec Washington.

Aujourd’hui, sans négociation réelle, en conséquence sans avantage substantiel, et sans remettre en question le champ d’application du traité de l’Atlantique Nord et donc les missions et les objectifs poursuivis par l’Alliance, préalable pourtant indispensable, la France rentre dans le rang.

Le pari, considérable, dicté par le souci de plaire à Washington, intervient à un moment paradoxal : l’Alliance Atlantique n’est plus pour nos partenaires américains l’alpha et l’oméga de leur politique de défense, mais un outil parmi d’autres d’une politique, jusqu’à l’élection d’Obama, marquée par le sceau de l’unilatéralisme. Penser que notre retour sera l’élément qui infléchira la politique américaine est la marque soit de l’ignorance soit de l’arrogance. Le nouveau Président américain déterminera sa politique en fonction des intérêts des Etats-Unis. Il pense, et il a raison que le dialogue avec ses alliés et le cadre multilatéral, sont de précieux atouts ; cela n’a rien à voir avec la présence ou non de la France dans les structures intégrées.

Il restera le doute de nos partenaires quant à la volonté de la France de poursuivre la démarche de construction d’une défense européenne autonome. Après tout, ils pourront nous dire que tout cela avait été admis par eux, et avec quelles réserves, après Saint-Malo, pour tenir compte de notre posture particulière et que donc maintenant le cadre de l’Alliance répondra parfaitement à nos préoccupations. Bon courage à nos diplomates qui vont devoir affronter le scepticisme narquois de leurs homologues !

Bon courage, aussi, à notre état-major qui va devoir trouver 400 officiers pour travailler dans des organes de planification où ils seront banalisés ; on peut, à juste titre, douter du maintien de leur capacité de dialogue autonome avec les planificateurs américains du Pentagone. Dommage, car c’est justement ce que notre situation originale nous permettait.

On pensait que le Président était un pur pragmatique, mais là il se révèle comme un pur idéologue. Serait-il devenu le dernier néoconservateur de la planète ? Hélas, on peut le craindre !

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