En complément du communiqué diffusé le 7 juillet 2016 par notre Ligue, je voudrais rendre un hommage un peu plus personnel à un grand homme, qui fut aussi un grand Européen, Michel ROCARD.
Un homme d’engagements qui a, très jeune, renoncé à faire carrière pour s’engager en politique. Politique au sens noble – gouvernement de la Cité et non ambitions personnelles- pour défendre ses convictions sur la décolonisation, sur l’autogestion, sur un socialisme humaniste, sur la décentralisation et dans la dernière période sur l’environnement, avec la priorité de la lutte contre le changement climatique et la destruction de la biodiversité.
Un homme de caractère, qui n’a jamais plié dans l’adversité ni accepté de se prêter aux petits arrangements et aux compromis à courte vue qui, trop souvent, empêchent notre paye de progresser. Ce caractère, il en a encore fait preuve dans sa dernière maladie, à laquelle il a tenu tête en continuant à travailler et à plaider pour les grandes causes qui étaient les siennes.
Un homme droit, dont le refus de la ruse et du mensonge, le culte du « parler vrai », qui lui ont parfois coûté cher, ont fait honneur à la politique. Il a montré qu’on peut accomplir de grandes réformes et ramener la paix en Nouvelle Calédonie en disant la vérité.
Un homme de rigueur aussi. D’une famille de scientifiques, il a toujours donné la priorité à la raison, ce qui lui a permis de concilier d’apparents contraires. Homme de grande culture, ouvert aux utopies, il a été aussi celui du réalisme du possible. Il a ainsi donné naissance à une « deuxième gauche » rejetant le marxisme et acceptant le marché mais privilégiant l’humanisme et les valeurs sociales.
L’exemple le plus frappant en est que, Premier ministre entre 1988 et 1991, il a réussi à mener en même temps deux reformes qui perdurent : l’une très marquée à gauche, la création du RMI -aujourd’hui RSA – protégeant les plus pauvres ; et l’autre d’esprit plus « libéral », la création de la CSG, taxe proportionnelle de type « flat tax », mais à assiette élargie à l’ensemble des revenus, y compris ceux du capital.
Un européen convaincu, qui fut de 1994 à 2009, député au Parlement européen où il a joué un rôle très actif, présidant successivement la Commission de la coopération et du développement, celle de l’emploi et des affaires sociales et celle de la culture. Il était membre de notre Ligue européenne de coopération économique. Il se désolait de l’enlisement actuel de l’Union européenne et des occasions manquées pour lui donner un nouvel élan.
Un homme généreux enfin, toujours ouvert au contact, au dialogue et aux idées des autres, prêt à débattre mais aussi à encourager tous ceux qui s’adressaient à lui.
S’il a défendu les grandes causes humanitaires, il a aussi montré cet humanisme, qui était son essence même, dans sa vie quotidienne.
Par lui, la France fut plus grande.
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