Une régulation et une relance coordonnées européennes sont-elles possibles ?

europe_drapeauUne régulation et une relance coordonnées européennes sont-elles possibles ? On l’espère… un jour. Mais force est de constater que ce n’est pas le cas aujourd’hui.

Les pays européens ont adopté en ordre dispersé des plans de sauvetage bancaires puis des plans de relance économique, souvent d’efficacité très relative (compte-tenu de leur faible massivité et de leur manque de sélectivité).

Au total, le plan de relance européen ne constitue quasiment qu’une addition des plans de relance nationaux (170 milliards sur les 200 milliards d’euros annoncés par l’U.E.).

A cela s’ajoute la grande diversité des réactions des Etats face à la crise (la France privilégiant la relance par les investissements, le Royaume Uni par la consommation…) et les réflexes protectionnistes des uns et des autres, en réponse le plus souvent aux inquiétudes des opinions publiques. Des réflexes protectionnistes risquant, comme dans les années 1930, d’ajouter de la crise à la crise, par une vague de restrictions aux importations.

Pour éclairer le débat, il serait utile de répondre à quelques questions…

Et d’abord, à une crise mondiale, faut-il une réponse mondiale, une réponse continentale (et pour nous européenne), une réponse nationale, régionale ou locale ; ou des réponses multiples et coordonnées ?

L’absence de réponse précise est déjà une réponse en soi… et un risque d’échec.

Ensuite, pourquoi a-t-il été quasiment impossible de mettre en place une vraie coordination des politiques de relance en Europe ? Cause institutionnelle, raisons politiques, sociales ?

Quel est le coût du manque d’Europe dans les réponses apportées (ou non apportées) à cette crise ?

Ce coût ne serait-il pas plus élevé encore sans l’existence de la monnaie unique ?

Enfin, quelle politique économique, sociale et environnementale faut-il préconiser ? Avec quel nouveau pacte de stabilité financier et social ? Avec quelle nouvelle croissance économique et écologique ?

La réponse à toutes ces questions est d’abord politique.

L’Europe souffre d’un manque de vision (et d’ambition) politique, et la réponse doit être à mes yeux d’essence social-démocrate. Karl Marx prédisait que le capitalisme irait à son terme. Il serait planétaire (qui le conteste?), flamboyant (la crise actuelle y est liée), suicidaire (il faut le redouter si rien n’est fait en terme de régulation mondiale).

Léon Blum, aime à nous rappeler Alain Bergougnioux, posait la question de savoir s’il fallait être les gestionnaires ou les médecins de ce système. Aujourd’hui, la question me semble davantage relever de la chirurgie ou de la psychiatrie…

Alors, quelles pistes préconiser ?

D’abord se battre pour une meilleure régulation du système financier international en imposant critères et valeurs éthiques, sociaux et environnementaux ; accompagner la circulation de la main d’œuvre d’une amélioration générale des conditions sociales, salariales et syndicales ; imposer une politique volontariste en direction des pays du Sud, notamment d’Afrique où la crise pourrait conduire à une situation dramatique.

Ensuite, sans opposer Europe politique et Europe des projets (dont on parle beaucoup mais qu’on ne met pas en œuvre), développer enfin : une véritable politique européenne de l’innovation, de la recherche, de l’éducation et de la formation ; une véritable politique énergétique européenne (indépendance énergétique, technologie verte et lutte contre le réchauffement climatique) ; une politique européenne en faveur des nouvelles technologies de la communication ; la création de grandes infrastructures européennes ; le soutien aux filières très en difficulté (automobile notamment) ; un plan en faveur des PME – PMI, notamment afin de favoriser leur accès aux marchés publics (dans le cadre d’une territorialisation des initiatives)…

Et puis se donner les moyens d’une telle politique : en luttant contre une concurrence fiscale déloyale entre pays européens (en éradiquant enfin les paradis fiscaux) ; en réformant le budget européen (par réduction de la part réservée à l’agriculture et par recours à l’emprunt) ;

en réfléchissant à la promotion de la « flexsécurité » mise en œuvre au Danemark et testée aujourd’hui en période de crise.

Face à la crise, le pari d’une réponse politique à l’échelle de la planète

Quelques mots de conclusion pour essayer de vous faire partager une conviction personnelle.

Au-delà des mesures, des politiques, nécessaires pour affronter la crise, je crois qu’on ne mobilisera pas uniquement, en France comme en Europe, autour de plans de relance ou de taux de croissance.

On mobilisera si l’on suscite de l’espoir.

C’est le pari d’une réponse politique à l’échelle de la planète, visant à réduire la fracture Nord / Sud, à empêcher le naufrage écologique, à vivre partout en promouvant une culture aux couleurs du monde.

C’est le pari d’une réponse capable de réconcilier politique et éthique, condition d’une espérance mobilisatrice à l’échelle planétaire.

 

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