Sur le plan économique, je pense qu’Emmanuel Macron va échouer. Pour une raison simple : il multiplie les réformes partielles et latérales en négligeant le problème central. L’absence d’une véritable politique macroéconomique est masquée par l’amélioration de la conjoncture. Mais cette situation n’est pas durable.
Nos deux insuffisances graves, liées l’une à l’autre, sont bien connues :
1- La situation des finances publiques
2- Notre déficit de compétitivité.
En matière de gestion budgétaire, il n’y a aucune différence entre Emmanuel Macron et ses prédécesseurs. Les prétendues économies (16 milliards), en réalité, n’en sont pas.
Les dépenses publiques vont continuer à augmenter en volume de 0,5% en 2018, soit de 0,25% du PIB. Comme ce dernier va croître de 1,7%, la différence va représenter une diminution virtuelle des dépenses de l’ordre de 16 milliards d’euros par rapport à la croissance anticipée. Les vieilles méthodes n’ont pas changé
Seize milliards, c’est 0,7% du PIB alors que le solde public ne sera in fine amélioré que de 0,3%. Où passe la différence ? Dans des allègements de fiscalité dont vont profiter essentiellement les ménages (taxe d’habitation, ISF,…). C’est, dans la situation de nos finances, luxueux et inutile. En effet, la priorité devrait être en direction de l’appareil productif exposé à la concurrence internationale. Notre industrie continue à perdre des parts de marché et sa balance commerciale est de plus en plus déficitaire. Elle est désormais rejointe par les services : la balance extérieure des services, encore excédentaire de plus de 20 milliards d’euros en 2013, est aujourd’hui à zéro. Les services aux entreprises sont devenus déficitaires. Les délocalisations y deviennent massives. Les robots et l’intelligence artificielle français sont aujourd’hui conçus à l’étranger.
L’erreur fondamentale, pour des raisons très compréhensibles, est à travers le CICE d’avoir concentré les allègements de charges sur les secteurs protégés. Ni l’industrie, ni les services aux entreprises, n’en ont profité. Et la réforme à venir du CICE va aggraver ce biais.
Conclusion : on s’épuise contre les symptômes du chômage en oubliant la cause principale de l’hémorragie. On met un garrot et on ne soigne pas. Donc la situation va continuer à se dégrader.
Jean Peyrelevade
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