L’Europe contre les guerres du XXIème siècle
A l’approche des élections du 25 mai au Parlement européen, monte, en France, l’hostilité aux fondements mêmes de l’Union. Il est vrai que l’Europe, encore profondément marquée par des idées libérales et adossée sur une majorité de gouvernements conservateurs, empêche des avancées durables dans ce domaine. Plus grave s’insinue l’idée que l’Europe serait le problème, l’origine de tous nos maux et non plus la solution.
Le rêve européen serait devenu notre cauchemar !
Aujourd’hui, à l’heure où la crise économique facilite les résurgences nationalistes partout en Europe, y compris dans notre pays, nous devons réaffirmer avec force notre attachement indéfectible à la construction européenne. Grâce à l’action de la France, soutenir et relancer l’activité ne sont plus des mots tabous au niveau européen. Mais il ne faut pas se contenter de cette avancée, il faut maintenant entamer, sans attendre, l’approfondissement politique de l’Europe, en lien étroit avec nos partenaires Allemands. L’élection du candidat social-démocrate Martin Schultz à la tête de la commission sera de ce point de vue une étape essentielle. Il faut tout faire pour.
Pour cela nous ne devons pas reculer et reprendre le combat des idées, face à la droite mais aussi face à ceux qui se complaisent dans un dénigrement systématique. Cette attitude résolument offensive est indispensable pour convaincre des opinions sceptiques et des forces politiques progressistes, parfois hésitantes, que les pays européens ont besoin d’une politique européenne forte, et non de la seule juxtaposition de politiques nationales dans les domaines industriels, dans la recherche, dans l’éducation, dans la sécurité énergétique notamment.
Les prochaines élections doivent être l’occasion de relancer une dynamique de réforme de nos institutions : par exemple en proposant d’instaurer des listes transnationales, dont les têtes de liste deviendraient les candidats à la présidence de la commission, afin de permettre de dégager une majorité claire au parlement européen.
L’élargissement de l’Union européenne doit nous conduire aussi à nous émanciper des décisions à l’unanimité pour les pays décidés à aller plus loin qu’un marché et, pour dix sept d’entre eux, qu’une monnaie.
Plusieurs chantiers doivent être explorés, vite et simultanément :
- Celui des institutions économiques et financières de l’Union, sans tabou y compris sur la place et la mission de la Banque Centrale notamment dans la gestion de notre monnaie commune ;
- Celui des politiques publiques européennes, car les citoyens de nos pays attendent des actes pour lutter contre les effets de la crise, pour renforcer les atouts de l’Europe. Nous ne ferons pas l’économie d’une réflexion sur ce que doit être une nouvelle politique industrielle alors que l’Europe s’engage dans le chemin du vaste marché transatlantique et qu’elle doit prendre la dimension de la concurrence féroce de la Chine plutôt que ,par angélisme ou esprit de système, se priver d’acteurs européens de premier plan. Nous devons, tout en étant conscient des contraintes budgétaires, créer un choc de l’offre en investissant massivement sur les secteurs à fortes externalités positives. Il nous faut encourager, par des moyens publics renforcés, des programmes européens dans des secteurs à haute valeur ajoutée. Ils sont gages de notre compétitivité et garants de notre avantage comparatif.
L’Europe c’est la Paix, le président de la République a eu raison de le rappeler avec force. Mieux, aujourd’hui l’Europe c’est une arme, en nos mains, la seule, pour lutter contre la guerre, les guerres :
- La guerre économique, d’abord, réelle et souvent cruelle qui oppose des ensembles de plus en plus puissants alors que certains font le rêve fou du repli sur soi.
- La guerre contre la pauvreté en son sein et chez nos voisins et nos partenaires de l’Afrique notamment.
- La guerre contre le nationalisme qui porte en lui les conflits au sein même de notre continent avec leurs cortèges de drames. Qu’on se souvienne de l’ex Yougoslavie et aujourd’hui de l’Ukraine divisée et menacée.
Il faut le redire avec force, l’Europe n’est pas qu’un grand marché.
C’est le plus égalitaire de tous les continents, où les pays les plus compétitifs sont aussi ceux dont le chômage est le plus bas et dont les systèmes sociaux sont les plus performants.
L’Europe c’est un projet politique et une ambition de civilisation. A nous le 25 mai de les porter !
Michel Destot, Député de l’Isère, Président d’Inventer A Gauche
Alain Bergounioux, Historien, Directeur de La Revue Socialiste
Bernard Soulage, Vice-Président du Conseil Régional de Rhône-Alpes
Dominique de Combles de Nayves, Avocat, Ancien Ambassadeur
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